ITALIA, LOCKDOWN - 2020
Lorsque la contagion du COVID-19 a atteint l'Europe, je venais d'arriver en Italie pour une série documentaire qui n'avait rien à voir avec la pandémie. Quelques jours plus tard, le 9 mars 2020, le gouvernement italien a décrété un confinement total, avec des restrictions de déplacement conséquentes. A partir de ce moment, mon travail a dû se concentrer exclusivement et totalement sur le COVID-19.
Tous ceux qui ont eu la chance d'échapper au virus se souviennent de la violence de l'impact de la nouvelle situation. Pour moi, cela signifiait aussi rester en Italie sans interruption jusqu'au 10 juin, jour où le tout premier vol après plus de trois mois a décollé de Bologne à destination de Paris.
Pendant ces mois, mes seuls contacts directs étaient avec ma compagne Chiara, mon frère et mes parents. Pendant plus d'un mois, je n'ai pas pu voir mes enfants, qui étaient à Paris avec leur mère, et ce n'est qu'avec beaucoup de difficultés qu'ils ont pu arriver en Italie pour passer quelques semaines de confinement à la campagne : un type d'isolement de grand luxe par rapport à l'espace limité d'un appartement parisien.
Durant cette période très particulière, en tant que photojournaliste, j'ai bénéficié quotidiennement de l'immense privilège d'une liberté de mouvement presque totale à une époque où les Italiens dans leur ensemble en étaient privés. En revanche, comme tout le monde, une fois le travail terminé, ma vie quotidienne se déroulait dans le monde réduit de mes proches et de la réalité qui m'entourait de près.
Cette série d'images reflète mon horizon quotidien pendant ces semaines. Ce n'est qu'à une occasion précieuse que Chiara et moi nous avons décidé de faire une longue promenade dans les collines. Les images de cet unique moment de souffle en plein air à la fin du mois d'avril s'alternent avec les portraits du cercle des intimes.
ITALY, LOCKDOWN - 2020
When the COVID-19 contagion reached Europe, I had just arrived in Italy for a documentary series that had nothing to do with the pandemic. A few days later, on 9 March 2020, the Italian government decreed a total lockdown, with consequent travel restrictions. From that moment on, my work had to be focused exclusively and totally on COVID-19.
Everyone who was lucky enough to escape the virus remembers how strong the impact of the new situation was. For me, it also meant staying in Italy uninterruptedly until 10 June, the day on which the first ever flight after more than three months took off from Bologna bound for Paris.
During those months, my only direct contacts were with my partner Chiara, my brother, and my parents. For more than a month, I could not see my children, who were in Paris with their mother, and only with great difficulty were they able to arrive in Italy to spend a few weeks of lockdown in the countryside: a type of isolation of great luxury compared to the space limitations of a Parisian flat.
During this very particular period, as a photojournalist I benefited daily from the great privilege of almost total freedom of movement at a time when Italians as a whole were deprived of it. On the other hand, like everyone else, once the work was done, my daily life took place in the reduced world of my closest affections and the reality immediately surrounding me.
This series of images reflects my daily horizon during those weeks. It was only on one precious occasion that Chiara and I decided to take a long walk in the hills. The images of that single moment of breathing in the open air at the end of April alternate with portraits from the circle of intimate people.